Les commerces de proximité

Les commerces de proximité : Image à la une
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On ne peut que se désoler que les distances à parcourir pour la vie quotidienne augmentent inexorablement. Jusqu’en 2000 se nourrir à Obernai sans jamais prendre la voiture était possible pour le plus grand nombre. La dernière épicerie généraliste au centre d’Obernai a fermé en 2013, remplacée par un café sans gluten. Le supermarché Match a fermé en 2015, récemment remplacé par un Carrefour Market qui propose principalement des produits de grignotage. Un supermarché Fresh a ouvert en 2022 dans un cube de béton entouré d’un gigantesque parking à la mode du Texas, tout au bout du bout de l’agglomération juste avant les champs.

Nous avons la chance d’avoir encore des supérettes Auchan et Norma proches du centre, et un hypermarché Leclerc pas trop éloigné, mais qui pratiquent tous les méthodes de la grande distribution. Il reste une réelle épicerie de proximité avenue de Gail.

Le marché hebdomadaire est dynamique mais réservé à ceux qui peuvent se libérer le jeudi matin. Et la saturation des parkings environnants le jeudi matin montre bien qu’il est difficile de le considérer comme étant “de proximité”. Le marché bio du samedi matin, lui, n’arrive pas à décoller, il ne semble pas assez « généraliste ».

Nous constatons que plus le temps passe et plus les commerces s’éloignent. Ce n’est pourtant pas une fatalité comme nos élus essaient de nous faire croire (ou le croient eux-mêmes?). Non, c’est le résultat d’une politique d’aménagement délibérée menée depuis quelques dizaines d’années.

La conséquence de tout ça ? Il est de moins en moins possible de se nourrir à proximité. C’est quoi la proximité ?

  • C’est passer au commerce de quartier à pied ou à vélo pour des petites courses, chaque jour ou presque, le contraire du caddie plein à craquer de l’hypermarché.
  • C’est gagner du temps de trajet et économiser de l’essence.
  • C’est utiliser l’espace autour des commerces pour des activités utiles plutôt que des parkings imposants.
  • C’est manger frais, car il n’y a pas besoin de stocker pour une semaine voire plus.
  • C’est mettre de la vie et de l’animation dans les quartiers.

Mais un commerce de proximité peut être beaucoup plus que cela ; 

  • Il peut être le lien entre les consommateurs et les producteurs locaux (qu’on aimerait encourager) ;
  • Il peut faire le choix de proposer des produits plutôt bio, plutôt sans plastiques, plutôt locaux, au lieu de faire reposer toute la responsabilité sur le consommateur ;
  • Il peut faire connaître de nouvelles recettes ou pratiques culinaires, bonnes pour la santé et pour l’environnement, et surtout pour le goût ;
  • Il peut être un lieu de convivialité pour tout le quartier ;

Et il peut échapper aux méthodes de la grande distribution. Combien de fois êtes-vous ressorti d’un supermarché avec des choses que vous n’aviez pas prévu d’acheter ? Les marketeurs étudient la psychologie des acheteurs depuis plus d’un siècle, vous n’avez aucune chance. Vous croyez économiser en allant en hypermarché, mais vous vous retrouvez à dépenser plus. Pourquoi ? Parce que la seule mesure de succès pour un commerce privé est le chiffre d’affaire, et tous les moyens sont bons pour l’augmenter.

Mais si on mesurait le succès autrement ? Par le service rendu aux habitants ? Par la qualité de vie et la convivialité apportées au quartier ? Par la réduction de l’impact environnemental ? Cela demande un peu d’imagination, mais il n’y a vraiment rien d’impossible.

Bien sûr, tout ça ne peut pas être gratuit. Un commerce de proximité tel qu’on en rêve n’a aucune chance de survie s’il est en concurrence directe avec la grande distribution. Il doit être subventionné par la collectivité en échange du respect d’une charte, probablement sur un modèle associatif. 
Mais à quoi vaut-il mieux dépenser l’argent de la commune et donc des contribuables ? A favoriser l’artificialisation des sols pour le plus grand bénéfice des promoteurs et entrepreneurs du BTP ? Ou plutôt se concentrer à améliorer la vie quotidienne des habitants ? C’est une question très politique qui a un impact immédiat et concret sur nos vies, et nous aimerions qu’elle soit au cœur de la campagne électorale à venir.

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