Le greenwashing

Le greenwashing : Image à la une
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Article issu de la rencontre thématique du collectif du 12.07.2025. Pour rester informé(e) des futures réunions thématiques inscrivez-vous à la newsletter en écrivant à contact@murmuresdelehn.fr

“Laver plus vert” : vous avez tous déjà entendu ce mot. De quoi s’agit-il ? Le greenwashing est un verdissement de façade destiné à biaiser le débat public et à récupérer les aspirations environnementales du public pour faire passer des projets douteux.

Pour tenter d’en comprendre les ressorts, nous nous sommes inspirés de l’ouvrage
Greenwashing : manuel pour dépolluer le débat public
sous la direction d’Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières
Collection Anthropocène Seuil
ISBN 978.2.02.149289.7
Vous trouverez également d’autres livres et vidéos sur le sujet sur notre page “A lire / à voir

Selon le principe de réfléchir localement à des questions plus générales (“think globally, act locally”), nous nous sommes appliqués à identifier des exemples de greenwashing à Obernai, aussi bien de la part des administrations publiques que des entreprises privées. Parfois c’est tellement bien fait que c’est difficile à identifier. En voici une petite liste, évidemment non exhaustive, n’hésitez pas à nous contacter pour en rajouter si vous en avez identifié d’autres.

  • Les photos de l’Office du tourisme : elles montrent une ville musée instagrammable, sans jamais une seule voiture car les maisons traditionnelles sont montrées à partir du premier étage. La réalité vécue par les habitants au quotidien est bien différente : les trottoirs sont si étroits qu’il est difficile de se frayer un chemin entre les façades et les voitures en stationnement.
  • Les tickets de caisse à Auchan : depuis qu’une loi oblige à demander aux clients s’ils veulent un reçu, loi destinée à l’origine à éviter un énorme gâchis de papier, les tickets sont devenus beaucoup plus longs et il est maintenant même nécessaire d’imprimer un code barre pour pouvoir sortir, sur un papier qu’on jette immédiatement une fois sorti.
  • L’ “éco”-quartier des Roselières : est-ce qu’il suffit de mettre le mot “éco” devant un projet pour qu’il devienne magiquement écologique ? Le quartier a été vendu par les promoteurs comme un moyen de travailler à Strasbourg et dormir à Obernai grâce à la proximité de l’autoroute. On voit sur les photos aériennes qu’il y a plus d’espace au sol réservé aux voitures plutôt qu’aux êtres humains. Peut-on décemment considérer ça comme “écologique”?
  • Les marquages “pensez à recycler” sur les produits de la grande distribution. A première vue, ça semble partir d’une bonne intention, pourtant il s’agit avant tout de reporter la responsabilité des déchets sur le consommateur final pendant que les producteurs et distributeurs continuent à augmenter le volume de déchets (la consommation de plastique ne fait qu’augmenter).
  • Réduire la fréquence du ramassage des poubelles au nom de la réduction des émissions de CO2 d’un camion. Alors que dans le même temps on dépense des millions pour attirer toujours plus de voitures jusqu’au cœur du centre historique. Ça ressemble plutôt à un prétexte fumeux pour permettre à l’opérateur de réduire le service rendu tout en facturant toujours autant. Et tant pis pour ceux qui auront le malheur d’être absents le jour du ramassage, leurs poubelles resteront à pourrir pendant un mois.
  • Dans le même ordre d’idées, le Pass’O consiste à faire tourner en rond des bus vides depuis 20 ans sans jamais s’interroger sur les raisons de sa désaffection. Cela ressemble beaucoup plus à une opération de communication (financée par la contribution transport des entreprises locales) plutôt qu’à une politique de promotion des mobilités douces.
  • Toujours à propos des mobilités douces, la comcom avait communiqué sur les quelques émissions de  CO2 “évitées” lors de la Fête du vélo. Mais pas un mot sur tous les projets qui ont très fortement augmenté ces émissions, et qui ont eu pour conséquence l’explosion du trafic automobile qu’on a tous pu constater ces dernières années.
  • La compensation : un des arguments avancés pour la destruction de l’allée arborée du parvis Freppel est que les coupes d’arbres seront “compensées”. Mais est-ce que des arbres plantés au milieu d’un parking “compensent” la perte d’une allée piétonne ombragée chère au cœur des habitants, allée qui sera remplacée par du bitume ? Et qu’est-ce qui va “compenser” l’ombre et la climatisation naturelle que ces arbres apportaient au lycée ? De plus, l’expérience montre que beaucoup des arbres plantés en “compensation” ne survivent pas jusqu’à l’âge adulte. Et le temps qu’ils puissent “compenser”, on aura privé toute une génération de verdure.

Mise à jour du 2 août 2025 :

  • La mairie d’Obernai a transformé le centre équestre en parking. Mais c’est écologique car ils ont « sauvé » un nid d’hirondelles.
  • Elle a aussi communiqué abondamment sur un hôtel à insectes qui avait été installé sur le rond-point de la gendarmerie (alors qu’il aurait suffi de ne pas déranger les insectes qui étaient là au départ). Mais une fois la campagne de communication terminée, l’hôtel à insectes a disparu.

Et vous ?

  • Vous avez repéré d’autres tentatives de greenwashing autour de vous ? Ecrivez-nous pour compléter cette liste.